Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/55

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coucher du soleil il ne manquait jamais de se barricader dans sa chambre, résolu à laisser périr dans les glaces et dans les neiges quiconque lui faisait entendre une voix suspecte. Si M. Goefle n’eût trouvé la porte du manoir ouverte par le vigoureux poignet de Puffo, et si Ulph n’eût pas reconnu la voix de l’avocat dans le préau, l’estimable docteur en droit eût été certainement forcé de retourner au château neuf, dont il redoutait si fort le bruit et l’encombrement.

Après l’avoir introduit dans le donjon, Ulph s’était un peu tranquillisé. Il s’était même dit que tout était pour le mieux, vu que, si M. Goefle voulait affronter le diable, c’était son affaire, et qu’il valait encore mieux le recevoir que d’être forcé de le reconduire au château neuf, ordre qui eût entraîné pour le pauvre guide la fâcheuse nécessité de revenir seul sur le lac, peuplé de gnomes effroyables. Heureusement, le vieux gardien du Stollborg, malingre, frileux, habitué à dormir de bonne heure, s’était enfermé dans son pavillon, situé au fond d’une seconde petite cour, et dont les fenêtres, donnant sur le lac, n’avaient pas vue sur le préau. Il n’y avait donc guère d’apparence qu’endormi ou non, il se doutât de la présence de son hôte avant le lendemain matin. Après mûre réflexion, Ulph avait résolu de ne pas l’avertir et de préparer de son mieux le souper de