Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/88

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une mère peuvent se tromper, mais il est pénible de combattre leur influence. Vous, vous êtes orpheline !… Oui, puisque vous dépendez d’une vieille tante… Je l’appelle vieille, et vous secouez la tête ! Mettons qu’elle soit jeune… Elle en a sans doute la prétention ! Moi, je ne m’y connais plus apparemment ! Je la croyais vieille. Si elle ne l’est pas, raison de plus pour l’envoyer… je ne veux pas dire promener, mais faire de meilleures réflexions, tandis que vous demanderez conseil à quelque vieil ami, à M. Goefle… c’est-à-dire à moi, enfin à quelqu’un qui puisse vous faire épouser l’heureux mortel que vous préférez.

— Mais je vous jure, mon cher monsieur Goefle, répondit Marguerite, que je n’aime personne. Dieu ! il ne manquerait plus que cela pour être à plaindre ! C’est bien assez de haïr quelqu’un et d’être obligée de souffrir ses assiduités.

— Vous n’êtes pas sincère, ma chère enfant, reprit Cristiano, qui arrivait à jouer avec conviction et une sorte de vraisemblance le personnage de M. Goefle : vous craignez que je ne redise vos confidences à la comtesse, ma cliente !

— Non, cher monsieur Goefle, non ! Je sais que vous êtes plus qu’un homme d’honneur, vous êtes un homme de bien. Tout le monde vous considère,