Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/92

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à qui vous ouvrirez votre cœur, comme vous le faites en cet instant, et qui vous donnera l’espoir du bonheur et le courage de la résistance, bien mieux que ne sauraient le faire les conseils d’un vieil avocat !

— Non, monsieur Goefle, je n’ouvrirai mon cœur à personne que vous, et je ne prendrai certainement aucune confiance dans les personnes que je pourrai rencontrer au château de Waldemora. Je vois très-bien que le baron les a habilement choisies parmi des obligés ou des ambitieux qui le craignent ou le flattent, et tous ces gens-là, sauf quelques personnes excellentes qui ne me font pas la cour, se courbent devant moi comme si j’étais déjà la femme de leur patron ! Je ne sens que du mépris et de l’éloignement pour ces courtisans de province, tandis que j’ai foi en vous, monsieur Goefle ! Vous êtes l’homme d’affaires du baron, mais vous n’êtes pas son homme lige. Votre fierté et l’indépendance de votre caractère sont bien connues. Vous voyez ! ma tante n’avait pas réussi à me tromper. Elle me disait que vous approuviez toutes ses idées, et je pouvais m’attendre à trouver en vous un persécuteur plein d’ironie et de mépris pour mes rêves romanesques ; mais le frère de mademoiselle Potin, qui est gouverneur dans une famille de votre province, vous connaissait particuliè-