Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/95

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lard, qui les baisa le plus respectueusement qu’il put, et qui contempla un instant la ravissante petite comtesse dans sa robe de satin rose pâle, garnie de grèbe. Il l’aida paternellement à agrafer sa pelisse d’hermine, à remettre le capuchon sans écraser les rubans et les fleurs de sa coiffure ; puis il lui offrit le bras jusqu’à son traîneau, où elle disparut dans les coussins d’édredon comme un cygne dans son nid.

Le traîneau s’envola, sillonnant la glace d’une traînée lumineuse, et il avait disparu derrière les rochers du rivage avant que Cristiano, debout sur ceux du Stollborg, eût songé au froid qui le coupait en deux, et à la faim qui le coupait en quatre.

C’est que, sans parler d’une émotion assez vive dont il ne cherchait pas à se rendre compte, le jeune aventurier était retenu par un spectacle admirable. La bourrasque, complètement apaisée, avait fait place à cette bise du Nord qui, au contraire de celle de nos climats, souffle de l’ouest, et balaye le ciel en peu d’instants. Les étoiles brillaient comme jamais, dans les contrées méridionales, Cristiano ne les avait vues briller. C’étaient littéralement des soleils, et la lune elle-même, à mesure que son croissant montait dans l’atmosphère épurée, prenait l’éclat stellaire que ne se permettent point chez nous les simples planètes. La nuit, déjà si claire, s’éclai-