Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/114

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comte), parce que, sous le titre de iarls, on entend en général tous les nobles d’une certaine importance ; le baron Magnus, dis-je, eut deux fils. L’aîné Adelstan, était vif, impétueux, ardent ; le second, Olaüs, que l’on appelle aujourd’hui l’homme de neige, était doux, caressant, studieux. Tous deux, grands, beaux et forts, faisaient l’orgueil de leur père. La fortune était considérable, avantage assez rare dans notre pays, où la richesse nobiliaire a reçu de si rudes atteintes par « la réduction de 1680. » Il n’y a point chez nous de droit d’aînesse, les fils partagent également ; mais, bien que partagé, il semble qu’un si bel héritage eût dû satisfaire l’ambition des deux frères, et, si jamais fils de famille parut incapable de jalousie, c’était surtout Olaüs, ce jeune homme tranquille et doucement railleur, à qui son père marquait une sorte de préférence, et qui plaisait généralement plus que son frère aîné.

» Celui-ci avait un noble caractère, mais sa franchise était un peu rude. De bonne heure il avait montré un esprit entreprenant, le goût des voyages et des nouveautés. À trente ans, il avait parcouru l’Europe, et il rapportait de son séjour en France des idées philosophiques, dont les membres âgés de sa famille, son père même, furent effrayés. On désira le marier, il y consentit ; mais il prétendit