Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/131

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le faire aujourd’hui, si j’avais des soupçons arrêtés, j’étais naturellement sous l’influence de mon père, qui, dans sa conviction, ne trouvait d’autre reproche à adresser à Olaüs que celui d’imprudence envers lui-même. Puis la mort de mon père arriva dans ce même temps, et vous trouverez naturel que mon chagrin personnel, qui fut très-vif, m’ait détourné à cette époque de toute autre préoccupation.

» J’ai hérité de la clientèle du baron, et, je vous l’ai dit, malgré l’antipathie croissante que sa conduite politique et ses manières m’ont inspirée, je n’ai jamais pu, jusqu’à ce jour, acquérir la moindre preuve, ni même m’arrêter à la moindre apparence sérieuse des crimes dont il était accusé. Il s’est fait, dans l’esprit de ses vassaux, une réaction contre lui, à laquelle on pouvait bien s’attendre. N’ayant plus besoin de leurs sympathies, il a bientôt cessé de les ménager. Quant à ses domestiques, qui ont été tous renouvelés depuis sa prise de possession du domaine, et qui sont tous étrangers, il les paye de manière à s’assurer leur obéissance aveugle et leur discrétion absolue. Stenson est le seul de l’ancienne maison qu’il ait conservé, maintenu longtemps dans ses fonctions d’intendant, et enfin admis à la retraite, en raison de son grand âge, avec une pension honorable, toute sorte d’égards et même de petits soins. C’est