Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/149

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— Peu m’importe.

— Vous pensez bien que je ne suis pas venu de si loin pour me payer de vos réponses.

— Faites ce que vous voudrez.

M. Goefle entendit ouvrir la porte, et il se présenta résolument au-devant de la personne qui sortait. Il se trouva en face d’un homme d’une trentaine d’années et d’une assez belle figure, mais d’une pâleur sinistre. L’avocat et l’inconnu se regardèrent dans les yeux en passant tout près l’un de l’autre dans l’étroit escalier. Le coup d’œil franc, sévère et scrutateur de l’avocat rencontra l’œillade oblique et méfiante de l’inconnu, qui le salua respectueusement et descendit jusqu’à la dernière marche, tandis que M. Goefle gagna le palier de l’escalier ; mais, quand tous deux en furent là, ils se retournèrent pour se regarder encore, et l’avocat trouva quelque chose de diabolique dans cette figure blême éclairée par une petite lampe suspendue devant l’entrée intérieure du vestibule. M. Goefle entra chez Stenson et le trouva assis, la tête dans ses mains, immobile comme une statue. Il fut forcé de lui toucher le bras pour que le vieillard s’aperçût de sa présence. Celui-ci était si absorbé dans ses pensées, qu’il le regarda d’un air hébété et eut besoin de quelques instants pour le reconnaître et pour rassembler ses idées. Enfin il parut revenir à