Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/158

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ardue et pleine de problèmes eût été confiée à sa sagacité. C’était cependant tout le contraire : Stenson lui interdisait même la curiosité. Cela était bien inutile, et M. Goefle n’était pas le maître d’imposer silence à ses tumultueuses hypothèses. Il trouva Christian dans une situation qui rendait son silence bien facile. Christian, loin de songer à l’interroger, avait oublié le sujet de leur précédent entretien, et ne se préoccupait que de sa pièce. C’était, d’ailleurs, avec un grand découragement, et, quand l’avocat lui demanda s’il avait trouvé le moyen de se passer de son valet, il lui répondit qu’il cherchait en vain ce moyen depuis une heure. À la rigueur, Christian pouvait s’en passer, mais en risquant beaucoup d’accidents et de lacunes fâcheuses dans sa mise en scène. Il voyait là une si grande fatigue, une si grosse dépense d’esprit et de volonté, qu’il aimait mieux y renoncer.

— Vrai ! dit-il à M. Goefle, qui essayait de le stimuler, je vous jure, en style de bateleur, que le jeu ne vaudrait pas la chandelle ; en d’autres termes, que je m’épuiserais sans profit pour ma gloire, et que je volerais l’argent du baron. Allons, voilà une affaire manquée : n’y songeons plus. Savez-vous ce qu’il me reste à faire, monsieur Goefle ? C’est de renoncer à briller dans ce pays, c’est de remballer tout cela, de