Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/191

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plus ou moins debout derrière elles. La galerie, profonde et médiocrement large, était un local plus favorable qu’aucun de ceux où Christian avait opéré. La voûte, peinte à fresque, avait une sonorité exquise. Les lustres, déjà allumés, jetaient une vive lumière, et il n’était nécessaire que d’éclairer les coulisses du théâtre portatif pour donner aux différents plans de la petite scène la profondeur fictive qui devait les faire valoir.

Christian faisait toutes choses avec un grand soin. Il aimait son petit théâtre en artiste minutieux, et il l’avait établi dans des conditions ingénieuses, qui en faisaient la miniature d’un théâtre sérieux. Il eût réussi dans la peinture d’intérieur et de paysage, si l’amour des sciences ne l’eût forcé de s’arrêter aux arts de pur agrément ; mais, comme il était remarquablement doué, il n’entreprenait guère de travaux frivoles auxquels il ne sût donner un résultat gracieux et empreint de sa propre originalité. Sa petite scène était donc d’une charmante fraîcheur, et produisait toujours un effet agréable aux yeux. Il y mettait de la coquetterie, surtout quand il avait affaire à un public intelligent, et, si parfois il s’impatientait d’avoir à donner du temps à ces minuties, il s’en consolait en se rappelant l’axiome favori de Goffredi : « qu’il faut faire le mieux possible tout ce