— Un éclair de vanité blessée passa dans les yeux de la belle Russe.
— Marguerite, dit-elle, vous voulez la guerre, vous l’aurez ; tenez, reprenez vos dons ! Vous m’avez fait présent d’un beau bracelet ; je ne m’en soucie plus : j’ai une plus belle bague !
Et elle tira de sa poche une boîte qui contenait deux bijoux, le bracelet de Marguerite et la bague du baron.
— Le diamant noir ! s’écria Marguerite reculant d’effroi… Vous osez toucher à cela ?
Mais, se reprenant aussitôt :
— N’importe, n’importe, dit-elle en embrassant Olga, je refuse la guerre, ma chère enfant, et je vous remercie du fond de mon âme de m’avoir montré ce gage de vos fiançailles. Gardez mon bracelet, je vous en supplie ! Gardez ma reconnaissance et mon amitié. Olga fondit en larmes.
— Marguerite, dit-elle, si vous parlez, je suis perdue ! J’avais juré de me taire pendant huit jours, et si vous laissez voir votre joie, le baron me reprendra sa parole et pensera encore à vous… d’autant plus qu’il y pense toujours.
— Et vous pleurez à cause de cela ?… Olga, vous l’aimez donc, vous ? Eh bien, ma chère amie, quelque bizarre que cette inclination-là me paraisse, elle