Le malade demandait l’impossible. Le médecin n’osait pas le lui dire.
— J’espère, reprit-il, que cette potion vous tranquillisera sans vous affaiblir.
— Voyons, agira-t-elle vite ? Je voudrais dormir deux ou trois heures, me relever et m’occuper de mes affaires. Me répondez-vous que, dans le courant de la nuit, j’aurai mes facultés ?
— Monsieur le baron, vous me désespérez ! Vous voulez encore travailler cette nuit, après la crise d’hier et celle d’aujourd’hui ? Vous avez un régime impossible.
— N’ai-je pas une force exceptionnelle ? Ne m’avez-vous pas dit cent fois que vous me guéririez ? Vous m’avez donc trompé ? vous vous moquez donc de moi ?
— Ah ! dit le médecin avec un accent de détresse, pouvez-vous le croire ?
— Eh bien, donnez-la, votre potion. Va-t-elle agir tout de suite ?
— Dans un quart d’heure, si vous n’en détruisez pas l’effet par votre agitation.
— Donnez-moi ma montre, là, à côté de moi. Je veux voir si vous êtes sûr de l’effet de vos drogues.
Le baron avala la potion, et, assis dans son grand fauteuil, il sonna son valet de chambre :