» — Allons ! pensai-je en me remettant en route, il était écrit qu’un jour ou l’autre, il me faudrait mendier ; mais, malgré le sort contraire, je jure de ne pas mendier longtemps ! Il faudra bien que je trouve quelque nouvelle industrie pour me tirer d’affaire.
» Je sortis du défilé des montagnes et trouvai l’hospitalité chez de bons paysans, qui me firent même accepter quelques provisions pour ma journée. Ils me dirent qu’une bande de voleurs exploitait le pays, et que le chef était connu sous le nom de l’Italien.
» En continuant ma route, j’entrai dans la province de Silésie. Mon intention était de m’arrêter dans la première ville pour porter plainte et réclamer des autorités la poursuite de mes brigands. Comme je marchais, pensif et absorbé dans mille projets plus inexécutables les uns que les autres pour me remettre en argent sans m’adresser à la commisération publique, j’entendis un petit galop détraqué derrière moi, et, en me retournant, je reconnus avec stupéfaction mon âne, mon pauvre Jean, qui courait après moi du mieux qu’il pouvait, car il était blessé, On dit que les ânes sont bêtes ! je le veux bien ; mais ce sont des animaux presque aussi intelligents que les chiens : j’en avais acquis déjà maintes fois la certitude en voyageant avec ce fidèle serviteur. Cette fois,