Quand les deux amis furent entrés dans la chambre de l’ourse, ils avaient si bien oublié qu’elle était hantée, qu’ils se couchèrent et s’endormirent sans songer à reprendre leurs commentaires sur l’apparition de la veille.
De leurs lits respectifs, ils essayèrent de continuer la conversation ; mais, bien que M. Goefle fût encore un peu excité et que Christian mît la meilleure grâce du monde à lui donner la réplique, le sommeil vint bientôt s’abattre comme une avalanche de plumes sur les esprits du jeune homme, et le docteur en droit, après avoir maugréé contre Nils, qui ronflait à faire trembler les vitres, prit le parti de s’endormir aussi.
En ce moment le baron de Waldemora s’éveillait au château neuf. Lorsque, d’après son ordre, Johan entra chez lui, il le trouva assis sur son lit et à demi-vêtu.
— Il est trois heures, monsieur le baron, lui dit le majordome. Avez-vous un peu reposé ?
— J’ai dormi, Johan, mais bien mal ; j’ai rêvé marionnettes toute la nuit.
— Eh bien, mon maître, ce n’est pas un rêve triste, cela ! ces marionnettes étaient fort drôles.
— Tu trouves, toi ? Allons, soit !
— Mais vous avez ri vous-même ?