œuvre, c’était un burattino de ma façon ! Que dis-je ? c’était mon premier sujet, mon chef de troupe ; c’était mon spirituel et charmant Stentarello, la fleur de mes débuts dans les bourgades de l’Apennin, la coqueluche des belles Génoises, le fils de mon ciseau et de ma verve, la colonne de mon théâtre !
» — Quoi, misérable ! m’écriai-je, tu possèdes Stentarello, et tu n’en sais pas tirer parti ?
» — On m’avait bien assuré, répondit-il, qu’il avait rapporté beaucoup d’argent en Italie, et celui qui me l’a vendu à Paris m’a dit le tenir, ainsi que le reste de la troupe, d’un signor italien bien mis, qui prétendait avoir fait sa fortune avec… C’est peut-être vous ?
» Il me raconta alors comme quoi il avait eu quelque succès en France, dans les carrefours, avec notre théâtre et le personnel ; que, sachant plusieurs idiomes étrangers, il avait voulu voyager, mais que, n’ayant pas de bonheur, il avait été de mal en pis jusqu’au moment où je le rencontrais, décidé à vendre la boutique et à se livrer à l’instruction d’un ours qu’il allait tâcher de se procurer dans la montagne.
» — Voyons, lui dis-je, montre-moi ton théâtre et ce que tu sais faire.