était en partie responsable. Les cheminées du château neuf envoyaient d’épaisses spirales de fumée noire sur les nuages de nacre rose. Des coups de fusil, répétés par les sourds échos des neiges, annonçaient les efforts des chasseurs pour alimenter les broches de ces âtres pantagruéliques. On voyait courir en tous sens, sur d’agiles patins, des messagers affairés, se croisant et se culbutant quelquefois sur la glace du petit lac. On faisait main-basse sur toutes les ressources du pays, depuis la bûche monstrueuse qui devait figurer dans chaque salle du manoir jusqu’à la pauvre perdrix blanche qui croyait, grâce à sa robe d’hiver, échapper à l’œil sagace de l’homme et au flair impitoyable du chien de chasse.
On apprêtait donc une splendide cinquième nuit de Noël (car on était au 28 décembre), et Christian seul ne s’apprêtait pas. Il s’impatientait de ne pas voir revenir Puffo. Après s’être recostumé en pauvre diable et avoir enfoui sa belle figure dans sa plantureuse chevelure ramenée en avant, tandis que son chapeau pointu s’enfonçait sur ses yeux, il alla chercher son valet dans le préau, dans le gaard, et jusque dans la cuisine, où, la veille, il avait tant effrayé Ulphilas. Il oublia d’aller jusque dans la cave ; c’est là qu’il eût trouvé Puffo en possession du paradis de ses rêves.