Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/88

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Il arriva ainsi à l’entrée de ce qui lui avait paru être une grotte. Ce n’était en réalité qu’un entassement d’énormes blocs de granit, de ceux qu’on appelle, je crois, erratiques, pour signifier qu’on les trouve isolés de leur roche primitive, dans des régions d’une nature différente, où ils n’ont pu se produire. On suppose qu’ils sont le résultat de quelque cataclysme primitif ou moderne, fureur des eaux ou travail des glaces, qui les aurait amenés de très-loin dans les sites où on les rencontre. Ces blocs étaient arrondis en forme de galets, et une superposition capricieuse semblait attester que, poussés par des courants impétueux, ils s’étaient trouvés arrêtés par la masse micaschisteuse du Stollborg, à laquelle ils servaient désormais d’appui et de contrefort. La marche n’était guère facile en cet endroit à cause de la neige tombée dans la soirée précédente, et que le vent avait balayée ou plutôt roulée en gros plis, comme un linceul, le long des galets.

Christian allait donc revenir sur ses pas, lorsqu’il fut frappé de la tournure pittoresque du donjon, vu ainsi d’en bas, et il s’en éloigna un peu pour en mieux saisir l’ensemble. Il chercha machinalement à se rendre compte de la situation de la salle de l’ourse, et en reconnut aisément l’unique croisée à la hauteur d’environ cent pieds au-dessus du ni-