Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/91

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voyageur curieux de toutes choses, résolut d’aller interroger la chanteuse dès qu’il aurait fini son croquis ; mais, lorsqu’au bout d’un instant il remit son album dans sa poche, la voix avait cessé de se faire entendre. Il regarda de toutes parts et ne vit personne. Réduit à supposer qu’elle était cachée par les galets, il se mit en devoir de les explorer. Ce n’était pas plus facile que de marcher sur le gros ourlet de neige amoncelée qui les bordait. Dans l’intérieur de la principale caverne qui suivait capricieusement pendant une cinquantaine de pas la base du rocher, la glace présentait un sol écailleux et glissant, comme si les remous de la rive eussent été instantanément gelés dans quelque froide nuit d’automne.

Pourtant notre aventurier parvint à retrouver la trace de ses propres pas de la veille, lorsqu’il avait cru marcher sur des débris de briques et de tuiles, et bientôt il retrouva aussi la porte mystérieuse par laquelle il était sorti du donjon ; mais, cette fois, elle était fermée. Christian remarqua deux forts pitons de fer et un cadenas dont on avait emporté la clef. Le fait était récent. La chanteuse devait être une personne attachée, comme Stenson et Ulphilas, à la garde du vieux manoir. Elle ne pouvait pas être bien loin, puisqu’elle chantait encore cinq minutes auparavant ; elle ne pouvait pas être ailleurs que