Aller au contenu

Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que bienveillante, l’interrompit : c’était celle du danneman Joë Bœtsoï.

— Pourquoi dire ce qui n’est point, monsieur le major ? s’écria le brave homme. Karine Bœlsoï n’est ni si malade ni si loin que tu crois. Elle a dormi ici, et, à présent qu’elle est reposée, son esprit est aussi clair que le tien. Ne crains pas de faire venir Karine Bœtsoï. Il est bien vrai que la pauvre âme a souffert, surtout depuis le jour où il a fallu se séparer de l’enfant ; mais, si elle dit des choses que l’on ne peut pas comprendre, elle n’en a pas moins la tête bonne et la volonté sûre ; car jamais personne n’a pu lui arracher son secret, pas même moi, qui ai connu l’enfant, et qui viens d’apprendre son nom et son histoire pour la première fois de ma vie. Or, une femme qui sait garder un secret n’est pas une femme comme une autre, et, quand elle parle, on doit croire ce qu’elle dit.

Puis, ouvrant la porte de la chambre de garde :

— Viens, ma sœur, dit-il à la voyante ; on a besoin de toi ici.

Karine entra au milieu d’un mouvement de curiosité. Sa pâleur et sa précoce vieillesse, son regard étonné, sa démarche incertaine et brusque causèrent d’abord plus de pitié que de sympathie. Cependant, à la vue de tout ce monde, elle se redressa et