voirs prête ses pieds à des chaînes et son âme à des amertumes. Reste à savoir si l’homme qui s’est trouvé en face du devoir au plus beau moment de sa force, et qui s’est détourné pour le fuir, peut encore être heureux par l’insouciance et se dire content de lui-même.
— Vous avez raison, mon ami, dit Christian, faites de moi ce que vous voudrez. Je vous jure de suivre tous vos conseils.
— Et puis, ajouta M. Goefle en baissant la voix, Marguerite sera, je crois, une compensation assez douce à la vie de grand seigneur !
Il fut décidé par M. Goefle que Christian quitterait
Waldemora, où il n’avait aucun droit à faire valoir
avant la décision du comité secret de la diète, pouvoir
mystérieux, spécial et privilégié, qui s’attribuait
le droit d’évoquer les causes pendantes aux cours
ordinaires, et spécialement les affaires de la noblesse ;
Christian suivrait son avocat à Stockholm pour faire
sa demande et solliciter une décision.
Tous deux se rendirent au presbytère, où Christian, après avoir fait ses remercîments affectueux et respectueux au ministre Akerstrom, le nomma curateur de ses biens, autant qu’il dépendait de lui, et dans la prévision très-juste que ce choix serait ratifié par le tribunal de la noblesse. Il ne put être seul