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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/95

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vacité. C’est donc toi qui doutes de moi, à présent.

Christian dut renoncer à laisser sa mince fortune dans cette maison, qui servait peut-être d’asile à sa mère. Ce débat de délicatesse eût pu dégénérer en querelle, vu que le danneman arrosait largement d’eau-de-vie son naïf orgueil de paysan libre. D’ailleurs, le traîneau était prêt, et Christian devait partir. Pour rien au monde, il n’eût voulu manquer les deux représentations qui devaient le mettre à la tête de cent dalers, et lui permettre, par conséquent, d’embrasser, sans rien devoir à personne, le nouveau genre de vie qu’il rêvait.

Il croyait que le danneman comptait l’accompagner ; mais, au lieu de monter dans le traîneau, Bœtsoï remit les rênes à son fils, en lui recommandant d’aller prudemment et de revenir de bonne heure.

— J’espérais avoir le plaisir de votre compagnie jusqu’à Waldemora, dit Christian au danneman.

— Non ! répondit celui-ci, je ne vais pas à Waldemora, moi ! Il faut que j’y sois forcé ! Adieu, et au revoir !

Il y avait tant de hauteur et de dédain dans le ton du danneman en parlant de Waldemora, que Christian, en lui serrant la main, craignit qu’il ne s’aperçût de la conformation de ses doigts, et que cette