Page:Sand - La Coupe, Lupo Liverani, Garnier, Le Contrebandier, La Rêverie à Paris, 1876.djvu/238

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coussin d’Utrecht sous les petits pieds de madame la gouvernante, ni des caresses qu’il donnait à son chien favori, ni du soin respectueux avec lequel il l’aidait à monter sur son beau genêt d’Espagne. Le pauvre Sneyders avait beau assurer que la guitare avait un son aigre et faux, que la langue espagnole était un patois barbare, et que chanter des romances n’était point le fait d’un homme ; il n’avait aucune raison valable à donner à sa femme pour lui interdire les chansons du page en son absence. Sneyders, voyant que le mal était sans remède, imagina ce qu’il eût dû imaginer tout de suite, qu’il fallait éloigner Ramire. Le hasard, ou plutôt les événements politiques, lui fournirent le moyen de concilier cette mesure de prudence avec un certain désir de vengeance bien légitime, que le vertueux et désespérant amour du page lui avait inspiré.

Richelieu s’était imaginé de mettre la Hollande en guerre avec l’Espagne, et, à cet effet, il venait de faire un traité d’alliance avec l’Angleterre pour entrer dans les Pays-Bas à main armée. Son pro-