Page:Sand - La Coupe, Lupo Liverani, Garnier, Le Contrebandier, La Rêverie à Paris, 1876.djvu/325

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artistique de la création. Nous courons nécessairement de l’un à l’autre sur les ailes de l’intuition, et, frappés, honteux de la quantité de choses que nous ignorons encore, nous sommes pris du désir de voyager pour apprendre, ou d’apprendre pour voyager avec plaisir et avec fruit.

Croit-on que cet instinct de curiosité, éveillé dans des tempéraments aussi légers et aussi paresseux que ceux de la population parisienne, ne soit pas une véritable découverte faite par le progrès à son propre bénéfice ? Le progrès n’y a pas songé : il est de sa nature de marcher un peu comme le distrait dont j’ai fait l’apologie, sans savoir où il va. Ou bien il cherche une chose et il en trouve une autre, et longtemps il la tient dans ses mains par caprice, par mode ou par désœuvrement, sans savoir à quoi elle est bonne. Un matin, le goût des fleurs s’empare de lui et entre comme un élément essentiel dans la civilisation. On veut des tulipes d’un prix exorbitant ; un autre jour, on s’avise de la beauté des feuillages, et on demande des feuillages aux quatre coins du monde.