Page:Sand - La Daniella 1.djvu/236

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et les marches latérales pour y monter. L’avant-scène et les voies de dégagement nécessaires à l’action scénique sont sur place et suffisamment indiquées par leurs bases, pour faire comprendre l’usage de ces théâtres, la place des chœurs et même celle du décor.

Derrière le théâtre est une piscine parfaitement entière, sauf la voûte. On est là en pleine ville romaine. On n’a plus qu’à atteindre le faîte de la montagne pour trouver la partie pélagique, la ville de Télégone, fils d’Ulysse et de Circé.

Là, ces ruines prennent un autre caractère, un autre intérêt. C’est la cité primitive, c’est-à-dire la citadelle escarpée, repaire d’une bande d’aventuriers, berceau d’une société future. Les temples et les tombeaux des ancêtres y étaient sous la protection du fort. La montagne, semée de bases de colonnes qui indiquent l’emplacement des édifices sacrés, et bordée de blocs brute dont l’arrangement dessine encore des remparts, des poternes et des portes, s’incline rapidement vers d’autres gorges bientôt relevées en collines et en montagnes plus hautes. Ce sont les monts Albains. Dans une de ces prairies humides où paissent les troupeaux, était le lac Régille, on ne sait pas où précisément. Le sort de la jeune Rome, aux prises avec celui des antiques nationalités du Latium, a été décidé là, quelque part, dans ces agrestes solitudes. Soixante et dix mille hommes ont combattu pour être ou n’être pas, et le destin de Rome, qui, en ce terrible jour, écrasa les forces de trente cités latines, a passé sur l’agro Tusculan, comme l’orage, dont la trace est vite effacée par l’herbe et les fleurs nouvelles.

Vous savez l’histoire de Tusculum ? Elle se résume en quelques mots comme celles de toutes les petites sociétés antiques du Latium : établissements hasardeux, quelquefois à main armée, sur des terres mal défendues, puis fortifiées par l’esprit d’association civique, par la fertilité du sol, et souvent