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Camaldules et devant la villa Mondragone, qui était fermée, et je rentrai à Piccolomini par des chemins étroits, encaissés, où je devins tout rêveur, tout agité de mon problème personnel.

Les objets extérieurs agissent sur moi d’une manière, souveraine. Devant un beau site, je m’oublie, je m’absente pour ainsi dire de moi-même ; mais, quand je marche dans un endroit sombre et monotone, je m’interroge et me querelle. Cela m’arrive, du moins, depuis quelque temps. Je n’avais jamais tant pensé à moi. Sera-ce un bien ou un mal ? La solitude que je suis venu chercher me rendra-t-elle sage ou insensé ? C’est-à-dire, étais-je insensé ou sage avant cette épreuve ? Je crois que nous nous acclimatons rapidement, au moral comme au physique, et que je deviens déjà Romain, c’est-à-dire porté à la vie de sensation plus qu’à la vie de réflexion. Quand j’ai fait un effort pour savoir si j’appartiendrai à l’une ou à l’autre, je suis bien tente de me tranquilliser avec le chi lo sà de la Mariuccia et du berger de Tusculum.




XXIII


9 avril, villa Mondragone.

Je vous écris au crayon dans des ruines. Toujours des ruines ! J’aime beaucoup l’endroit où je suis ; j’y peux passer la journée entière dans un immense palais abandonné, dont j’ai les clefs à ma ceinture. Mais j’ai bien des choses à vous raconter, et je reprends mon récit où je l’ai laissé l’autre jour.

En dînant, pour ainsi dire, avec la Mariuccia, qui s’assied