Page:Sand - La Daniella 1.djvu/327

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entrecoupées des orgues de ce couvent, ou de l’église de Monte-Porzio, village que j’aperçois sur ma droite, au-delà des Camaldules. Est-ce de l’une ou de l’autre église que partaient, cette nuit, les sons que j’ai cru être ceux d’un piano ? En ce moment, rien n’y ressemble, rien ne m’explique ce phénomène d’acoustique.

D’autres chants se mêlent encore à ceux des girouettes : ce sont les refrains des paysans épars dans la campagne. Ils chantent fort mal ; ils crient du nez, et je n’en entends pas un sur cent qui me paraisse tant soit peu bien organisé pour la musique. Ils semblent avoir beaucoup moins conscience de ce qu’ils chantent que les girouettes de Mondragone. Néanmoins, je saisis parfois des phrases d’un caractère sauvage qui ne déparent pas le sentiment répandu dans l’ensemble.

Les basses continues sont dans le bruissement lourd des pins démesurés qui se dressent du côté de la villa Taverna comme des parasols ouverts au-dessus du stradone de chênes, et dans une cascade que je ne puis apercevoir, mais que je me rappelle avoir remarquée le long de l’énorme massif de maçonnerie qui soutient le terrazzone. Ces eaux perdues des ruines sont très mystérieuses. Les fontaines d’où elles jaillissaient étant brisées et taries, elles se sont frayé des passages inconnus dans les fondations et s’échappent par les fissures qu’elles rencontrent, au milieu de rideaux de plantes pariétaires qui font des cheveux et de la barbe aux grands mascarons béants au fond des niches.

Et puis, il y a les cris des oiseaux, bien que les oiseaux soient beaucoup plus rares ici que dans nos climats. Ce sont les vautours et les aigles qui dominent. Le menu peuple des petits chanteurs mystérieux des buissons me paraît en minorité. Il y a donc peu de doux gazouillements dans