Page:Sand - La Daniella 1.djvu/347

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conserver comme la prunelle de mes yeux pour de meilleures destinées ?

Je m’étais assis et me laissais servir par lui, lorsqu’au milieu de ses protestations de dévouement, j’entendis secouer à ma fenêtre le petit grelot de la chèvre, dont nous avons fait une espèce de sonnette, Daniella et moi, au moyen d’un système de ficelles qui longent le mur du parterre.

— Tiens ! m’écriai-je en me relevant, tu es un indigne coquin ! Tu as menti, grâce au ciel ! Voilà la Daniella !

— Eh ! non, mossiou ! dit-il en se disposant à aller ouvrir ; c’est l’Olivia, ou bien c’est la Mariuccia qui vient vous donner des nouvelles de sa nièce.

J’étais si impatient d’en recevoir de vraies que, sans m’inquiéter davantage de Tartaglia, je m’élançai, je franchis comme une flèche la longueur du parterre, et ouvris la porte du dehors sans aucune précaution. Ce n’était ni Mariuccia ni Olivia, mais bien le frère Cyprien, qui se glissa rapidement par la fente de la porte avant que j’eusse eu le temps de l’ouvrir toute grande et qui la repoussa derrière lui en me faisant signe de tirer les gros verrous.

— Silence ! me dit-il à voix basse ; j’ai pu être suivi malgré mes précautions !

Nous avançâmes dans le parterre, et il me parla d’une manière assez embrouillée : c’est sa manière. Ce que je compris clairement, c’est que le jardin était occupé, non pas ostensiblement, mais très-certainement par des gens de la police, et que le capucin courait des risques en venant me voir.

— Allons chez vous, dit-il ; je vous parlerai plus librement. Quand il fut seul avec moi dans le casino, il me confirma le récit de Tartaglia. L’entorse de Daniella n’avait rien d’inquiétant, mais exigeait le plus complet repos. Son frère,