Page:Sand - La Daniella 1.djvu/49

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suffirait pour amener l’orage ! elle me laisse un peu plus de liberté depuis quelque temps. C’est à cela que je dois le plaisir d’être avec vous. Voulez-vous venir fumer un cigare ? Allons au vent, pour que mes habits ne sentent pas le tabac !

Ils sont sortis, et, moi, je suis rentré dans la ville, à tâtons, par les sentiers coupés dans la roche. La mer n’avait plus que des plaintes harmonieuses, et cette harmonie dans les ténèbres avait un charme étrange. Mais je voulais vous écrire, et me voilà relisant vos lettres, vous serrant la main, et vous disant que vous êtes le meilleur des amis, mon meilleur ami, à moi !




V


Mercredi 14.

Le mistral a recommencé hier et cette nuit. Le Castor ne veut pas sortir du port. J’ai pris le parti de faire de longues promenades pour remplir ces deux journées, et je vous écris au crayon sur une feuille de mon album, des hauteurs de Saint-Joseph. Je suis à quelques heures de marche de la ville ; et, tandis que le froid y fait rage, je me baigne ici dans les rayons d’un vrai soleil d’Italie. Je viens de traverser une immense vallée et d’atteindre le pied des collines qui la ferment. Elles ne sont pas assez élevées pour l’abriter ; mais, dans leurs plis étroits, on trouve tout à coup une chaleur ardente et une végétation africaine. Pour vous qui vivez avec les fleurs, je remarque les plantes que je foule. Elles sont toutes aromatiques ; c’est le thym, le romarin, la lavande et la sauge qui dominent. Les courts gazons sont jon-