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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/105

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pas fait cinquante pas qu’un projectile passa entre nous en sifflant à nos oreilles.

— Qu’est-ce que cela ? dis-je à Felipone, qui s’arrêta surpris.

— Une pierre, répondit-il ; ça a dû partir de ce buisson-là ; oh ! oh ! Campani est par ici. Il lui est défendu d’avoir des armes à feu, parce qu’il s’en sert pour arrêter les passants ; mais il est si adroit à la fronde, qu’il se passe de balles. Il nous a vus ! Avançons ! Courez comme moi, en zig-zag !

— Non ! tombons sur le buisson et faisons une fin de ce coquin-là.

— Et s’il a une bande avec lui ? Vous voyez bien que ceci est une provocation.

En effet, les pierres nous poursuivaient à intervalles réguliers et tombaient presque à nos pieds, dans l’herbe, avec un bruit mat.

— Mauvaise grêle ! dit Felipone en s’arrêtant indécis ; il en vient de ces autres buissons devant nous ! Il paraît que Campani a appris à ses compères à se servir de la corde ; mais ils travaillent pour leur compte et non pour celui de la police ; car ils n’ont pas de fusils ; ils craignent le bruit autant que nous. Avançons ! ils ne sont pas tous aussi adroits que leur maître ; et d’ailleurs, ils nous entendent plus qu’ils ne nous voient et tirent au juger. Sans cela, l’un de nous aurait déjà son affaire.

Nous avançâmes encore ; mais, tout à coup, Felipone s’arrêta de nouveau.

— Nous sommes cernés, dit-il ; nous nous sommes enfournés dans un cercle de buissons éparpillés, qui est pour eux un poste meilleur que pour nous. Il va falloir soutenir un siége… Eh bien, à la grâce de Dieu ! suivez-moi.

Il prit sa course résolument, et, au milieu des pierres qui continuaient à siffler de tous côtés, il se jeta derrière un