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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/109

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retentit à la porte de la cabane, comme si elle partait de dessous terre.

— Berger, disait-elle, ne craignez rien ; faites taire vos chiens ; écoutez-moi.

— C’est la voix du Campani ; le serpent s’est glissé dans l’herbe, me dit vivement Felipone, pendant qu’Onofrio calmait ses chiens avec plus de peine, cette fois, que la première. Il s’est blotti sous la cabane entre le sol et les pierres qui supportent la devanture ; nous ne pouvons pas tirer sur lui !

— Que voulez-vous ? Parlez ! dit Onofrio.

— Nous n’en voulons ni à vous ni à vos moutons, mais à une méchante bête qui est entrée chez vous. C’est le prisonnier de Mondragone, l’assassin du saint-père.

— Non ! dit Onofrio en me regardant avec bienveillance ; vous mentez ! Allez-vous-en !

— Je jure sur l’Évangile que c’est lui, répondit le bandit.

— Si c’est lui, vous n’avez pas mission de l’arrêter. Avertissez les carabiniers.

— Oui ! pendant que vous le ferez sauver ! D’ailleurs les carabiniers le mettraient en prison, et ce n’est pas ce que je veux.

— C’est cela ! dit Felipone à mon oreille ; c’est la vengeance romaine. Il veut vous tuer lui-même.

— Vous ne voulez pas le livrer ? reprit Campani.

— Non !

Une fois ? Je vous avertis que nous sommes quinze, et qu’au premier signal, en un clin d’œil, votre baraque va être enfoncée et vos trois carcasses défoncées. Nous mettrons le feu ensuite, et on croira que vous vous êtes endormi trop près de votre lampe en chantant vos prières.

Onofrio frémit de la tête aux pieds, porta à sa bouche le scapulaire qu’il avait au cou, et, avec sa voix sans inflexion