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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/11

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quitter Rome ! Mais j’ai de la faiblesse pour vous, et je vous gâte comme un père gâte son enfant.

— Alors, mon tendre père, quels sont, en dehors de ta présence ici en ce moment et du très-bon dîner que tu m’as servi, les autres bienfaits dont j’ai à te récompenser ?

— Nous parlerons de récompense plus tard. Pour le moment, sachez que tous les avertissements et renseignements que la Daniella et la Mariuccia ont reçus à temps pour vous faire cacher, et pour soustraire vos effets aux recherches, viennent de moi, qui suis un homme de tête, et non de ce capucin, qui est une huître au soleil.

— De toi ? J’aurais dû m’en douter ? Mais pourquoi m’a-t-on dit les tenir du capucin ?

— C’est la Daniella qui vous a dit ça ? Je comprends ! Elle sait que vous vous méfiez de moi. Heureusement, elle n’est pas comme vous ; elle m’estime, elle sait qui je suis… sous tous les rapports ! Car si, dans le temps, j’avais voulu abuser de son innocence… mais je ne l’ai pas voulu, mossiou !

Il s’arrêta, voyant qu’il rouvrait ma blessure, et que, lié par la reconnaissance qu’il me fallait lui devoir, je résistais avec peine à l’envie de le jeter à la porte. Je crois que le drôle sait le défaut de la cuirasse et qu’il se venge ainsi, par le menu, du peu de cas que je fais de lui. Mais il est poltron en face de moi, et le moindre froncement de sourcil coupe court à ses velléités de représailles.

Il détourna la conversation en essayant de me parler de Medora.

— On dit à Rome, reprit-il, qu’elle est allée à Florence pour épouser son cousin ; mais je sais qu’il n’y a rien de vrai. Elle ne l’aime pas.

— Comment sais-tu cela, maintenant que la Daniella n’est plus auprès d’elle pour te révéler ses pensées ?