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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/114

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face hideuse de Campani, qui était tombé sur le dos en travers de la porte. Un peu plus loin, sous les châtaigniers, un cadavre gisait, la poitrine criblée de chevrotines.

— Ah ! il s’est traîné jusque-là ? dit Felipone, qui s’était baissé pour le voir ; c’est bien lui ! et c’est moi qui l’ai touché ! Voilà mes deux coups de fusil ! Voyons s’il est bien mort… Oui ; il est déjà froid !

— Marchons ! marchons ! lui dis-je, les carabiniers paraissent.

— À cette distance, je ne les crains pas à la course, quoique j’aie un peu de ventre. Et vous, savez-vous courir ?

— Je l’espère ! allons ! Mais que faites-vous ?

— Je cherche sur ce chien mort quelque chose… que je tiens ! Attendez ! il faut que je lui crache à la figure… C’est fait.

Nous nous enfonçâmes dans le bois, en suivant d’abord la même direction qui nous avait menés à Grotta-Ferrata. Puis, inclinant sur la gauche, nous entrâmes dans un sentier ondulé qui se rétrécissait et s’effaçait toujours davantage, jusqu’à ce qu’il disparût entièrement sur les bords d’un ruisseau admirablement accidenté. Il faisait jour, et les bois prenaient les reflets rosés de l’aurore.

— Nous voilà aussi en sûreté que possible, dit le fermier en se jetant sur la mousse. Ah ! si j’avais su que je devais fournir une pareille course, je me serais mis à la diète la semaine dernière. C’est égal, le jarret est encore bon. Et vous, mon garçon, ça va bien ? À quoi pensez-vous ? Est-ce que vous n’êtes pas content d’être enfin débarrassé de Masolino ?

— Débarrassé ! Qu’en savons-nous ? Vous pensez donc qu’il était là ?

— Eh bien, et vous ? Est-ce que vous ne l’aviez jamais vu ?