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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/116

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Chi lo sà ? Mais, pour avoir servi celle du docteur, si l’on découvre jamais qu’il était de la partie, je pourrais bien tâter de la prison plus longtemps qu’il ne convient à mon tempérament. Donc, mon affaire, à présent, est de vous sauver (par amitié pour Daniella et pour vous-même, qui me plaisez) sans me compromettre. C’est bien facile, si on ne découvre pas mon souterrain. Voilà pourquoi je ne veux pas m’y fourrer en plein jour. Je vas reparaître à la lumière des cieux, en pleine campagne, les mains dans mes poches, comme un bon régisseur que je suis. Les carabiniers me demanderont d’où je viens. J’ai ma réponse toute prête, mon alibi tout préparé, mes compères tout avertis. Ce serait trop long et inutile à vous dire. Sachez seulement qu’il vaut mieux pour moi, à présent qu’il fait jour, rentrer dans deux heures que tout de suite. Ainsi, n’ayez pas d’inquiétude pour moi, et gagnons un endroit où vous pourrez m’attendre jusqu’à la nuit prochaine.

— Pourquoi ne resterais-je pas ici ? L’endroit me plaît et me paraît absolument désert.

— Il ne l’est pas assez ! Dans une heure il y aura par là des bergers ou des bûcherons. Il faut aller où les troupeaux ne vont pas et où les bûcherons ne travaillent jamais ; là surtout où les carabiniers ne se risqueraient pas volontiers, même sur leurs jambes. Allons, mon camarade, venez ! un peu de courage encore !

— Je conviens que je suis fatigué, surtout depuis… depuis que j’ai vu ce Masolino ! Il me semble, à présent, qu’il avait de la ressemblance avec Daniella, et cela me fait mal. Leurs âmes n’avaient aucun rapport ; mais le sang parlera malgré elle ; elle le pleurera !

— C’est son devoir, la chère enfant ! mais elle sera vite consolée, demain peut-être, quand vous la presserez dans vos bras !