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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/157

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ils tout simplement le résultat d’une organisation qui a besoin quelquefois d’exhaler un excès de puissance pour se remettre dans son progrès naturel. Les âmes méridionales sont sans doute comme leur ciel, qui, après des orages formidables, verse tout à coup de si bénignes influences sur terre et fait pousser tant de fleurs sur le sol, meurtri et dévasté une heure auparavant.

À onze heures nous commençâmes à plier bagage. La toile qui nous servait de porte fut roulée et cachée sons les décombres avec les autres ustensiles ; le feu et la lumière furent éteints. Je renouvelai l’amorce de mon fusil. Daniella releva sa jupe de dessus dans ses agrafes. Nous nous donnâmes un dernier baiser en envoyant un adieu amical à la vieille tour et à la cascade argentée. Puis nous descendîmes la cascatelle pour être prêts à recevoir Felipone, qui devait se trouver là à minuit.




XLV


Nous n’attendîmes pas longtemps ; mais les pas qui vinrent vers nous, par le côté des trois pierres, nous causèrent un moment d’inquiétude. Il nous semblait entendre marcher deux personnes au lieu d’une. Daniella, attentive, et, sinon calme, du moins toujours pleine de présence d’esprit, ayant remonté un peu le rocher pour se rendre mieux compte de ces bruits mystérieux, redescendit vers moi en me disant :

— Je sais qui vient avec mon parrain. Ils ont échangé deux ou trois mots. J’ai reconnu la voix et l’accent : c’est M. Brumières.