Aller au contenu

Page:Sand - La Daniella 2.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ries sur le parfait amour les enchantent ; mais c’est peut-être aussi parce que vous êtes un petit jésuite, ne reculant devant aucun mensonge et aucune perfidie. Vous avez été élevé par un prêtre, que diable ! et peut-être vous a-t-il enseigné l’art des restrictions mentales, qui annulent les serments les pins sérieux.

— Si vous avez de si agréables soupçons sur mon compte, ne m’adressez donc plus jamais de questions, car je me jure à moi-même que je ne vous répondrai plus.

— Voyons ! ne nous brouillons pas ! Que vous soyez sincère on non, vous voyez bien que je suis très-naïf, moi, puisque je m’avoue dominé et convaincu par votre air et vos paroles. Si je suis dupe, je me réserve de vous proposer l’échange de quelques balles quand je serai sûr d’avoir posé. En attendant, soyons comme si cela ne devait jamais arriver, et aidez-moi.

— À quoi, s’il vous plaît ?

— À mettre à profit la folie que miss Medora vient de faire, et que je sais innocente de tous points. Je vas la dépister et me présenter à elle comme son chevalier dans cette solitude où elle se réfugie, comme l’envoyé de paix, la colombe de l’arche de lady Harriett. Je vas faire de mon mieux pour la dédommager, par une passion franchement déclarée, de votre superbe indifférence et de l’outrage que vous lui avez fait en lui préférant sa suivante ; car toute sa fantaisie est là, je le sais ! Dépit de femme qui cherche à se venger par une fantaisie nouvelle ! Pourquoi ne serais-je pas l’objet de cette fantaisie aussi bien que le personnage qui a failli l’enlever et qu’on dit peu jeune et peu beau ? Elle s’est donc ravisée à temps, puisqu’elle l’a laissé partir seul ?

— Apparemment ; mais par quelle inspiration veniez-vous la chercher par ici ?