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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/17

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— Non, au contraire, elle va mieux. Voilà une lettre d’elle. Je la lui arrachai des mains.

« Aie confiance et patience, me disait-elle. Je te reverrai, j’espère, dans peu de jours, malgré les obstacles. Ne sors pas de Mondragone, et ne te montre pas. Espère, et attends celle qui t’aime.»

— Elle me prescrit de ne pas me montrer, dis-je à Tartaglia, et tu m’assurais pourtant que l’on me sait ici !

— Ah ! mossiou, répondit-il avec un geste d’impatience, je ne sais plus rien. Ne vous montrez pas, ce sera toujours plus prudent ; mais il se passe des choses que je ne peux plus m’expliquer… Aussi, je me disais bien : « Pourquoi se donner tant de soins pour s’emparer de ce pauvre petit artiste qui ne peut point passer pour dangereux ? Il faut qu’il serve de prétexte à autre chose…» et il y a autre chose, mossiou, ou bien l’on s’imagine qu’il y a autre chose.

— Explique-toi !

— Non ! vous n’avez pas de confiance en moi.

— Si fait ! j’ai confiance en toi aujourd’hui ; j’ai été à ta merci toute cette nuit, j’ai dormi tranquillement ; je suis persuadé que tu ne veux me faire arrêter ni dedans ni dehors ; parle !

— Eh bien ! mossiou, dites-moi : êtes-vous seul ici ?

— Comment ? si je suis seul à Mondragone ? Tu en doutes ?

— Oui, mossiou.

— Eh bien, lui répondis-je, frappé de la même idée, si tu m’avais dit cela le premier jour de mon installation, j’aurais été de ton avis. Ce jour-là et la nuit suivante, j’ai pensé que nous étions deux ou plusieurs réfugiés dans ces ruines ; mais voici le huitième jour que j’y passe, et, depuis ce temps, je suis bien certain d’être seul.

— Eh ! eh ! voilà déjà quelque chose. Quelqu’un de plus