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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/220

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de la vie par cet incessant magnétisme qu’exerce la volonté d’une femme aimée, vous attendez, depuis quinze ou vingt ans, qu’il se révèle de lui-même, et vous attendez en vain. Il ne se révélera pas tant qu’il ne se sentira pas deviné.

— Ainsi, vous me grondez aussi ? dit lady Harriet… comme Daniella ! Voyons, est-ce vrai, tout ce qu’elle m’a raconté du désespoir de milord pendant que j’étais en danger ?

Je rapportai tout ce qu’il m’avait dit dans la nuit du 1er au 2 de ce mois. Lady Harriet en fut profondément frappée, et sa bonne âme parut se relever d’un long abattement.

— J’ai fait fausse route, dit-elle, je le sens bien ! J’ai mal pris ce caractère facile à froisser. Allez le chercher, vous dis-je, et, devant vous, je veux lui demander pardon de ma légèreté et de mon indélicatesse.

Elle parlait comme une jeune fille qu’elle croit être. Elle s’imaginait réparer un tort d’hier et se corriger, ainsi qu’elle aimait à le promettre d’un air enfantin, naïvement maniéré. Elle accabla son mari d’un déluge de paroles affectées et de pleurs sincères. Il admira le tout, et son enthousiasme de reconnaissance se traduisit par des oh ! et des ah ! qui sont tout ce qu’on peut obtenir de son éloquence. Ils étaient bien un peu risibles, ces amoureux sur le retour, et pourtant, je fus d’autant plus heureux et attendri de leur réconciliation, que c’était, on me l’apprenait, l’ouvrage de ma Daniella.