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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/251

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use trop de la liberté accordée aux demoiselles anglaises et que cette succession de soupirants encouragés et éconduits commence à compromettre la dignité d’une tante et la bonne renommée nécessaire à une fille à marier. Elle tiendrait à honneur de lui faire faire un mariage convenable, à son point de vue, si elle avait le droit de chasser Brumières de Piccolomini, et elle l’eût déjà fait. Il sent très-bien qu’on l’admet à contre-cœur au rez-de-chaussée, et il s’en réjouit. Il aspire au moment où on lui fermera la porte du salon au nez. Ce jour-là Medora sera décidée à être madame de Brumières, car notre ami a découvert, ou a bien voulu nous révéler, qu’il avait quelques petits aïeux en réserve pour faciliter son établissement.

Dans tout cela, nous cherchons Tartaglia sans retrouver sa trace. Le secours important qu’il nous a donné pour notre mariage, revirement inattendu de ses idées au sujet de mon union avec Medora, l’emploi de son temps depuis sa disparition de Mondragone, rien ne nous a été expliqué. Après nous être apparu comme un revenant dans l’église de Frascati, il s’est évanoui comme une ombre avant que nous ayons pu le remercier. Felipone prétend n’en savoir pas plus que nous sur son compte. Il nous a raconté qu’il s’était assuré d’abord, pour nous servir de témoin, Simone di Mattia, traiteur de la Campana un de ses amis, habituellement ivre de la veille, et par conséquent incapable de réfléchir aux conséquences d’une brouille avec le curé ; mais, au moment de se mettre en route, maître Simone s’était ravisé prudemment, prouvant par là, disait Felipone, qu’il portait mieux son vin que celui des autres. Si bien que notre ami le fermier s’était vu très en peine pendant quelques instants, et sur le point de nous faire abandonner l’entreprise pour ce jour-là, lorsque Tartaglia, déguisé en berger de la montagne, s’était trouvé comme tombé du ciel au coin