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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/26

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— Non, repris-je, sachons tout de suite à quoi nous en tenir. Ouvre le guichet et demande passage pour le capucin. Je vais m’effacer pour qu’on ne me voie pas.

— Au fait, pourquoi pas ? répondit Tartaglia. Les agents de police m’ont vu entrer ce matin. Ils me connaissent, ils ne m’ont rien dit. Voyons, essayons !

Il ouvrit le guichet et présenta sa réclamation. Un sous-officier de carabiniers s’approcha, et le dialogue suivant s’établit entre eux :

— Ah ! c’est vous ? dit la voix du dehors.

— C’est moi, ami, répondit courtoisement Tartaglia ; je vous salue.

— Vous demandez à sortir.

— Pour un pauvre frère quêteur qui, me voyant ici, m’a demandé l’aumône. Je lui ai ouvert parce que…

— Épargnez-nous les mensonges. Ce frère quêteur est là, qu’il y reste.

— C’est impossible.

— C’est la consigne.

— Elle ne me concerne pas, je suppose, moi qui suis venu ici pour tendre des lacets aux lapins… Vous savez qu’il y en a beaucoup dans ces ruines…

— Lapin vous-même ; c’est assez, taisez-vous.

— Mais… ami… songez à qui vous parlez ; c’est moi !… c’est moi qui…

— C’est vous qui trahissez. Attention, vous autres ! apprêtez armes !

— Quoi donc ? vous prétendez… Laissez-moi vous parler bas. Approchez !…

— Je n’approcherai pas. Je veux bien vous dire la consigne. Personne n’entrera ici, personne n’en sortira, d’ici à quinze jours… et plus !