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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/32

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carabinier, on prend des lapins sauvages, mossiou ! Et il y en a ici, je vous en réponds !

— Je n’en ai jamais vu un seul ; mais, en revanche, il y a des rats magnifiques.

— Fi, mossiou ! avant d’en venir là, nous aurons épuisé tous les oiseaux du ciel !

— Mais comment les prendras-tu, ces oiseaux ? Nous n’avons ni fusil ni poudre.

— Nous ferons des arcs et des flèches, mossiou ! Je n’y suis pas maladroit, non plus qu’à la fronde.

— Je songe à quelque chose de plus sûr, lui dis-je en riant : c’est à faire des épinards avec des orties. J’ai lu quelque part que c’était absolument la même chose.

Tartaglia fit la grimace.

— Possible ! dit-il ; mais je crois que je laisserai ma part de ce mets-là au capucin.

Vous voyez que la gaieté nous était revenue, et j’aidais mon compagnon à faire des projets gastronomiques, puisque c’était là sa préoccupation dominante. La mienne était de trouver moyen de faire évader le moine, afin qu’il pût au moins dire à Daniella que je prenais patience, et que j’étais pourvu de vivres pour longtemps.

— Écoute, dis-je à Tartaglia, tout cela est réglé, et nous voilà bien sûrs de pouvoir attendre environ une semaine ; mais nous croiserons-nous les bras, et ne chercherons-nous pas cette issue souterraine qui a certainement existé et qui doit exister encore ?

— Ah ! voilà, fit-il en soupirant, a-t-elle jamais existé ?

— Mais on sortait de ces cuisines où tu as tant cherché à entrer ! On y entrait par le palais, et on en sortait par le jardin au bas du terrazzone.

— Je vous entends, mossiou, dit Tartaglia, dont l’esprit