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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/52

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et aéré par les vastes cheminées. Toutes les anciennes issues sont murées par des massifs d’une épaisseur égale à la profondeur de leurs embrasures ; seulement, au centre de la grande nef du milieu, un large escalier descend à un péristyle terminé par une arcade à cintre rampant. Ce péristyle était jonché de paille, et quatre bons chevaux y étaient attachés comme dans une écurie.

Mais le détail le plus curieux de cette résidence, c’était le bout de cette nef du milieu, réservé pour le principal habitant et arrangé ainsi qu’il suit :

Dans une demi-rotonde un peu plus élevée sur le sol que le reste de l’édifice, une grande vasque de marbre, correspondant probablement à la fontaine extérieure située au bas des contreforts de la terrasse, faisait danser irrégulièrement un petit jet d’eau, tout récemment remis en exercice au moyen d’une tige de roseau. Une vingtaine de pots à fleurs entouraient cette fontaine. C’étaient des fleurs de serre froide assez communes, et quelques petits orangers, objets de luxe bourgeois, ici tout comme à Paris ; mais le maigre parfum de ces plantes était neutralisé par ceux du poisson cuit au vin et de la graisse fondue qui avaient chatouillé l’odorat de Tartaglia si agréablement, et qui remplissaient énergiquement l’atmosphère où nous nous trouvions introduits.

Du reste, la demi-rotonde où l’on était en train de servir le repas offrait un aspect de confortable ingénieusement conquis sur la tristesse et le délabrement de l’édifice. Les froides parois étaient tendues de vieilles tapisseries, jusqu’à la hauteur d’une dizaine de pieds. Le pavé était recouvert de nattes, et, sous la table, de peaux de chèvres à long poils. Un grand sofa, dont la vétusté était cachée par plusieurs manteaux étalés dessus, ainsi que quatre fauteuils sur lesquels on avait jeté des napperons blancs en guise de