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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/64

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suis fatigué de raconter ; aidez-moi donc, docteur, vous ne faites que manger ! Que vous êtes heureux d’avoir toujours faim ! Est-ce que les faisans sont passables ? me conseillez-vous d’en manger une aile ?

— Je vous en conseille deux, répondit le docteur ; ils sont excellents !

Ayant servi le prince, il continua sa narration :

— Le local que vous voyez était donc et est encore réputé inabordable, dangereux, condamné, impossible. Mais voilà qu’un beau matin, Felipone, en plantant un arbre devant sa maison, découvrit une voûte. Le compère se crut possesseur d’an temple antique, ou tout au moins d’un columbarium. Ce n’était pas cela, mais bien une galerie qu’il ouvrit secrètement, et en travaillant de nuit, pour n’être pas troublé dans la possession des trésors qu’il espérait découvrir, Il suivit ce vaste couloir, et, après avoir marché longtemps en droite ligne et en montant assez rapidement, il se trouva dans le joli péristyle où vous avez vu nos chevaux. Seulement, l’issue en était bouchée, et il s’imagina de la percer et de la déblayer, car il na savait pas bien où il était. Le temps lui avait paru long ; il se flattait peut-être d’avoir retrouvé une dix-septième maison d’Horace, la seule, la vraie, celle des Tusculanes.

» Quand il se vit dans la cuisine papale de Mondragone, il se sentit très-désappointé. Néanmoins il se fît un malin plaisir de posséder là un monument qu’il pouvait exploiter auprès des touristes sous le nez de madame Olivia, gouvernante et gardienne du reste du château. À force de fureter, il découvrit également la curieuse machine par où vous êtes entré ici, et qui, depuis longtemps, était une tradition perdue. Elle ne tournait plus ; il la répara lui-même, et, maître désormais de faire pénétrer ses voyageurs dans tout le manoir, sans la permission de sa rivale, il se promettait