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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/84

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bonnes grâces, de parlementer, et de mettre l’ennemi sur nos traces, sauf peut-être à se faire promettre votre liberté en même temps que la sienne. Il nous a entendus causer, il sait quelle route nous prenons. Non, croyez-moi, il est bien où il est. Il passera quelques heures dans sa niche ; il peut s’y coucher, et il aurait beau crier, personne ne pourrait l’entendre articuler une parole.

— Ne vous y fiez pas, on entend chaque note de votre piano.

— Oui, du casino, mais non pas du terrazzone. Il faut être placé plus haut que l’ouverture supérieure des cheminées ; et, comme en ce moment nous désirons faire un bruit qui attire et concentre l’attention des carabiniers de ce côté-ci, pendant que nous quitterons la place, vous allez voir qu’il faut un grand vacarme pour qu’il s’en échappe seulement un peu au dehors. Voyons, il est bientôt minuit, préparons-nous ! — Mes amis, cria-t-il à ses gens, voici le moment de plier bagage et de brider les chevaux.

— Oui, oui, s’écria le docteur en arrivant vers nous. Orlando, mon bijou, beaucoup de feu et de fumée dans les cheminées ; et vous, mes amours, Antonio, Carlino, Giuseppe, tutti ! concert d’instruments, chants, danses et tapage !

En parlant ainsi, le docteur s’empara de deux couvercles de casseroles, dont il se fit des cymbales.

— Tapage ! tapage ! s’écrièrent les valets en s’armant, qui d’un tonneau défoncé dont il se faisait une grosse caisse, qui d’un sifflet, et qui du reste de la batterie de cuisine. On chantait, on criait, et tout cela en s’agitant pour fermer les porte-manteaux et seller les montures que ce vacarme mettait en danse, surtout le beau cheval noir que j’avais remarqué. En un instant, ce charivari d’adieux à la Befana de Mondragone devint une ivresse. Tous ces Italiens sont