Page:Sand - La Daniella 2.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’humidité de certaines parties de la galerie, la rareté de l’air rendait la chaleur étouffante ; le trajet durait depuis un grand quart d’heure.

Tout à coup nous nous trouvâmes dans l’obscurité. Orlando avait éteint le flambeau ; il avait aperçu au loin devant lui un faible rayon de lune, qui fut bientôt visible pour nous tous. On fit halte. On était arrivé à une petite chapelle abandonnée, à demi-cachée sous les atterrissements et qui s’ouvre sur la campagne, dans une prairie située entre Mondragone et les Camaldules.

Cette immense galerie souterraine, récemment découverte et déblayée par Felipone, avait donc pour portique une construction fermée, dépendante de sa régie et dont il avait les clefs, sans que personne soupçonnât encore la brèche qu’il y avait faite à l’intérieur pour communiquer avec le souterrain. Il se trouvait arrivé là avant nous, et tenait le passage ouvert, tandis que Gianino, l’aîné de ses neveux, montait la garde dans la prairie.

Nous mîmes pied à terre, et nous traversâmes la chapelle en tenant nos chevaux par la bride. Le pavé était, là aussi, couvert de litière. Cette sortie s’effectua sans bruit, sous les grands arbres fruitiers qui ombragent le petit édifice.

On se remit en selle dans le plus grand silence. Felipone prit, dans les buissons, un petit cheval pareil à celui que je montais, et qui avait été amené là d’avance, sous apparence de pâture. Il n’avait pour selle qu’une couverture, avec des étriers de corde attachés au surfaix. Le fermier l’enfourcha lestement et passa devant, après nous avoir dit de lui laisser environ dix minutes d’avance sur le chemin. Le docteur connaissait parfaitement la direction à suivre.