Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/15

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Au temps où le manoir avait été décoré, soit que le propriétaire fût un mari trompé ou un célibataire ennemi du beau sexe, soit que la mode du moment fût tournée à un certain genre de satire, l’unique préoccupation de l’artiste chargé de ce décor avait été de signaler la perversité féminine et de ridiculiser la débonnaireté de l’homme. Ainsi, dans les panneaux des boiseries, on voyait une femme acéphale attendant que deux démons eussent achevé de forger la tête qui lui était destinée. Plus loin, la femme pesait dans une balance une croix, symbole de la vertu et du devoir, et une plume de paon, emblème de frivolité et de vanité mondaine. Le plateau qui contenait la plume emportait entièrement celui qui contenait la croix. Un peu plus loin, armée d’un poignard, la femme s’apprêtait au meurtre de son mari ou de son amant ; ailleurs encore, elle mangeait des cœurs humains. Plus de deux cents de ces représentations attestaient l’amère fécondité d’idées de l’artisan, ou du Mécène qui avait dirigé son ciseau.

Dans le préau, sous les arcades élégantes d’une sorte de cloître, on voyait des fresques curieuses.