Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/19

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et qui n’était pas un des côtés les moins mystérieux de son organisation ou de son humeur, malgré l’orgueil de son nom et de sa fortune, il n’avait jamais songé à se marier, remettant toujours au lendemain ce dérangement dans ses habitudes. Absorbé par des études tantôt sérieuses, tantôt frivoles, et donnant presque toujours la préférence à celles-ci, il avait si bien compliqué sa vie intérieure, il l’avait obstruée de tant de projets, de fantaisies, de curiosités et de spéculations intellectuelles, qu’il n’avait jamais trouvé le temps d’être heureux, et encore moins celui d’être un savant fécond. Il était l’homme des minuties et des argumentations pédantesques, passant six mois à écrire une brochure pour réfuter un mot sans importance dans un vieux ouvrage scientifique dont personne ne se souciait plus ; voulant apprendre des langues perdues qu’il n’avait pas le génie de reconstruire et dont il ne s’appropriait que le cadavre ; chérissant le dispendieux pour sa bourse comme pour son intelligence. Doué d’une grande mémoire, d’une certaine facilité, d’un esprit de contradiction effroyable, d’une patience à toute épreuve