Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/222

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peu amoureux quand même, il ne se l’avouait pas et mettait tout sur le compte de l’amitié.

Comme il se dirigeait avec Lucien vers le logis, la petite, qui avait couru en avant, revint leur dire que la tante Corisande avait été laver.

— Oh bien ! dit Lucien, je sais où elle est, alors ! Venez avec moi… L’eau ne nous manque pas par ici, comme vous voyez, dit-il chemin faisant au capitaine ; car, outre la rivière et le ruisseau, nous avons encore une belle source.

Ils tournèrent encore quelques buissons, et Octave vit la demoiselle de campagne agenouillée devant la fontaine, savonnant et tordant les chemisettes, les fichus et cravates des enfants. Elle n’allait pas vite en apparence ; mais sa main adroite et sûre abattait beaucoup d’ouvrage en peu d’instants. Rien ne semblait pénible ni hâté dans son travail ; elle se plaisait peut-être à sentir ses mains dans l’eau limpide et à faire ruisseler sur ses bras les perles, irisées par le soleil, que soulevait son battoir. Un grand sureau semait sur elle des étoiles de lumière verte à travers ses feuilles découpées. Elle avait rabattu les barbes