Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/33

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— Si je l’aime ? répondit Hortense, qui ne s’était pas beaucoup interrogée elle-même avant de consulter son oracle. Attendez, maman ; je n’en sais rien ! Je ne le connais pas ; mais il me semble que je voudrais l’aimer, afin d’épouser un homme malheureux dont je serais le bon ange.

Madame de Germandre ne ressentait pas beaucoup de sympathie pour Octave. Il avait trop laissé voir, dès le premier jour, qu’une femme de quarante ans n’était plus jeune à ses yeux, et madame de Germandre voulait, sinon des hommages, du moins des égards pour ses charmes encore réels. Elle avait ouï dire, en outre, qu’Octave était duelliste et un peu joueur. Connaissant bien le cœur féminin, elle ne voulut point dissuader sa fille de ce mariage. Tout au contraire, elle la força d’y songer un peu plus qu’elle ne s’y sentait portée. Elle feignit de prendre au sérieux la fantaisie d’un moment, et encouragea les visites du cousin, au lieu de les craindre.

C’était jouer gros jeu, car Octave avait des côtés fort séduisants ; mais madame de Germandre con-