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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

donc, votre héros de stoïcisme ! Il a la figure la plus chagrine qui se puisse voir quand il ne s’aperçoit pas qu’on le regarde.

Hortense regarda le chevalier à travers la persienne. Il marchait à pas comptés, portant sous son bras gauche un gros livre de messe, et tenant de la main droite la main de son petit garçon. Il cherchait sa sœur en passant discrètement devant les portes, sans oser encore pénétrer dans les appartements du rez-de-chaussée. Il était fort pâle, et sa démarche hésitante et brisée lui donnait l’air encore plus gauche que de coutume. Sa mise était bien telle qu’Octave l’avait décrite, et Hortense, en le regardant, eut une envie de rire mêlée à je ne sais quelle envie de pleurer. Pour donner le change à la bizarrerie de son émotion, elle fît à Octave la concession de se moquer du pauvre campagnard.

— Vous l’avez calomnié, lui dit-elle ; il n’a pas la tournure martiale d’un garde ; il a bien plutôt l’air d’un magister de village qui mène tristement promener son unique écolier.

Le chevalier avait disparu ; il s’était décidé à en-