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LA FILLEULE



PREMIÈRE PARTIE

ANICÉE



I

MÉMOIRES DE STÉPHEN


J’avais seize ans lorsque je fus reçu bachelier à Bourges. Les études de province ne sont pas très-fortes. Je n’en passais pas moins pour l’aigle du lycée.

Heureusement pour moi, j’étais aussi modeste que peut l’être un écolier habitué au triomphe annuel des premiers prix. Un violent chagrin me préserva des ivresses de la vanité.

J’avais travaillé avec ardeur pour être agréable à ma mère et pour la rejoindre. Elle m’avait dit en pleurant, le jour de notre séparation :

— Mieux tu apprendras, plus tôt tu me seras rendu.

À chaque saison des vacances, elle m’avait répété ce vœu. Mon travail de chaque année avait été juste le double de celui