Page:Sand - La Filleule.djvu/260

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demain. Pour l’amour de moi et de vous-même, tenez-vous tranquille jusque-là.

— Eh bien, qu’est-ce donc ? dit la duchesse en venant les rejoindre sur l’escalier dérobé où le père et la fille causaient ainsi avec animation. Nous allons faire remarquer notre absence.

Et elle les emmena dans la galerie, tandis que Rosario s’esquivait par le chemin qu’ils lui laissaient libre.

— De quoi vous tourmentez-vous ? dit la duchesse à son mari et à Morenita, avant de rentrer avec eux dans les salons. Comme vous voilà déconfits pour un incident ridicule où les rieurs sont pour nous ! Est-ce que ces prises de bec entre femmes n’arrivent pas tous les jours dans le monde ? Est-ce qu’il n’est pas peuplé de sottes cancanières, jalouses des jolies personnes ? Votre grand tort, mon duc, est d’être apprécié par les jeunes, et c’est toujours un dépit pour les vieilles ; le vôtre, ma petite miss, est de faire fureur par vos beaux yeux. Eh bien, le grand malheur, quand notre salon serait débarrassé, une fois pour toutes, de ces antiquailles ! Si cela n’avait pas coûté une attaque de nerfs à cette chère enfant, je m’en réjouirais. Il paraît qu’elle a répondu avec l’esprit d’un diable. Elle nous contera ça ; mais rentrons, il le faut. Voilà la Persiani qui va chanter.



XI


Morenita fut entraînée à un mouvement de reconnaissance pour la duchesse et l’embrassa. La duchesse s’arrangea pour